Les PIA au service des primo-arrivants
La circulaire n° 2012-141 du 2-10-2012 portant sur l’organisation de la scolarité des élèves allophones nouvellement arrivés mentionne que « les élèves allophones arrivants âgés de plus de 16 ans, ne relevant pas de l'obligation d'instruction, doivent bénéficier, autant que faire se peut, des structures d'accueil existantes. Un réseau de classes d'accueil en lycée et prioritairement en lycée d'enseignement général et technologique se développe.
La mission générale d'insertion de l'éducation nationale (MGIEN), chargée de la prévention et du raccrochage, développe des dispositifs conjoncturels en collaboration avec les Casnav, ayant pour objectif de faire accéder ce public à la maîtrise de la langue (orale et écrite), d'élaborer un projet professionnel individualisé et d'intégrer un parcours de formation, par la découverte des filières professionnelles existantes, leur garantissant un diplôme qualifiant. »
Circulaire ministérielle Education nationale n° 2012-141 du 2-10-2012
La transition vers l’âge adulte et celle de l’école vers le monde du travail peuvent s’avérer particulièrement difficiles pour les enfants migrants récemment arrivés, et en particulier pour les jeunes non accompagnés, d’autant plus qu’un enfant cesse souvent de bénéficier de mesures de soutien lorsqu’il a atteint l’âge de 18 ans. Préparer cette transition en amont, en soutenant le niveau d’éducation des personnes concernées, (…) tout en proposant des cours de transition pour aider les migrants à compléter l’enseignement acquis à l’étranger, sont autant d’éléments essentiels à une intégration plus rapide et plus équitable des migrants (…).
Une intégration réussie passe en outre par l’apprentissage de la langue du pays d’accueil. (…) Combiner la formation linguistique au développement d’autres compétences ou expériences professionnelles, (…) s’est révélé particulièrement efficace pour améliorer l’accès à la formation linguistique et en optimiser le résultat. Il importe enfin de promouvoir, à un stade aussi précoce que possible, la compréhension des lois, de la culture et des valeurs de la société d’accueil (…) afin de favoriser la pleine participation des migrants à la société d’accueil.
En lien avec la circulaire ministérielle, l’académie de Nantes, a mis en place dans le cadre de la mission de lutte contre le décrochage scolaire des dispositifs conjoncturels dédiés à l’accueil des jeunes primo arrivants de 16 à 18 ans.
Ces dispositifs nommés pôles insertion des primo arrivants (PIA) ont pour objectif d’accueillir des jeunes francophones et allophones de 16 ans à 18 ans qui sont sans solution de scolarisation. Ils visent, en premier lieu, à développer l’acquisition de la langue française mais aussi d’autres compétences (mathématiques et scientifiques, numériques, connaissance du fonctionnement des institutions, culture française) à des fins de poursuite de formation vers un diplôme ou une qualification et d’intégration sociale. En parallèle, ils travaillent le projet d’orientation de chaque jeune en s’appuyant sur des immersions en lycée professionnel et sur des stages en entreprise. Ces jeunes ont bénéficié de tests de positionnement dans un centre d’information et d’orientation pour évaluer leur maîtrise du français et leurs acquis scolaires.
Les PIA apportent une solution de prise en charge des jeunes primo arrivants, entre 16 et 18 ans, suffisamment scolarisés antérieurement pour être scripteurs/lecteurs dans leur langue d’origine et maîtriser les fondamentaux de la numération. Les jeunes primo arrivants non scolarisés antérieurement et nécessitant l’apprentissage de la lecture et de l’écriture sont accueillis sur un autre dispositif académique : la mesure d’accompagnement scolaire temporaire.
Le décrochage scolaire se développe tout au long de la scolarité de l’élève, il résulte d’une succession ou combinaison de ruptures, à des rythmes divers, depuis l’école primaire jusqu’à l’abandon scolaire.
Parler de personnes en situation de décrochage permet de ne pas réduire un jeune à un moment de son parcours.
Préconisations du Conseil de l’Europe
Le volume complémentaire au cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) de 2021 a actualisé les préconisations européennes quant aux orientations des descripteurs pour la médiation, l’interaction en ligne, la compétence plurilingue/pluriculturelle.
Le CECR fait non seulement la promotion de l’enseignement et de l’apprentissage des langues comme moyens de communication, mais il propose aussi une nouvelle vision, plus », agissant dans le milieu social et exerçant un rôle dans le processus d’apprentissage. Cela signifie un réel changement de paradigme à la fois dans la planification des cours et dans l’enseignement, par la promotion de l’implication et de l’autonomie de l’apprenant.
L’organisation proposée par le CECR est plus proche de l’usage de la langue dans la vie réelle, fondée sur l’interaction et impliquant la co-construction du sens.
Les activités sont présentées selon quatre modes de communication : réception, production, interaction et médiation. Avec la perspective actionnelle du CECR, on passe des programmes fondés sur une progression linéaire à partir des structures du langage ou d’un ensemble de notions et fonctions prédéterminées, à des programmes fondés sur des analyses de besoins, des tâches de la vie réelle bâties sur des notions et des fonctions choisies délibérément. L’idée est de concevoir des programmes et des cours fondés sur des besoins de communication dans le monde réel, organisés autour de tâches de la vie réelle à l’aide de descripteurs « Je peux (faire) » qui représentent des objectifs pour l’apprenant. (Extrait de CADRE EUROPÉEN COMMUN DE RÉFÉRENCE POUR LES LANGUES : APPRENDRE, ENSEIGNER, ÉVALUER Volume complémentaire 2021)